L\'Association EL BASMA des Arts Plastiques -Sidi Bel Abbès-Algérie

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Mohamed Khadda

Mohammed Khadda est un peintre algérien né en 1930 et mort en 1991. Il est considéré comme l'un des fondateurs de la peinture algérienne contemporaine et l'un des principaux représentants de ce que l'on nomme l'École du Signe.

Biographie
Mohammed Khadda naît le 14 mars 1930 à Mostaganem (Algérie).

Autodidacte, il commence en 1947 à réaliser aquarelles, pastels et peintures, alors qu'il est typographe et dessine les croquis des maquettes dans l'imprimerie où il travaille depuis 1944.

En 1953 il vient avec Abdallah Benanteur à Paris, où il dessine le soir à l' Académie de la Grande Chaumière, se lie avec le romancier Kateb Yacine, milite pour l'indépendance de l'Algérie et réalise sa première exposition personnelle.

Mohammed Khadda rentre en 1963 en Algérie où il expose régulièrement. Membre fondateur en 1964 de l'"Union Nationale des Arts Plastiques" dont il est le secrétaire de 1972 à 1975, il y défend la peinture non figurative violemment dénoncée à cette époque, illustre plusieurs recueils de poèmes (Jean Sénac, Rachid Boudjedra) et crée des décors et costumes pour les Théâtres d'Alger et d'Oran (Abdelkader Alloula).

En 1971 paraissent ses Éléments pour un art nouveau, introduction à l'histoire de l'art en Algérie.

Mohammed Khadda travaille, entre 1973 et 1976, à la réalisation de plusieurs peintures murales collectives, accompagne de ses dessins, dans les années 80, des recueils notamment de Bachir Hadj Ali, Tahar Djaout, Habib Tengour, et rassemble en 1983 dans Feuillets épars liés la plupart de ses articles et préfaces.

Il participe en 1986 à l'exposition inaugurale des collections permanentes de l'Institut du Monde Arabe de Paris.

Khadda préface en 1989 L'Arbitraire, texte (sur la torture) et poèmes de Bachir Hadj Ali, en 1990 un livre sur Mohamed Racim. Il œuvre simultanément à la constitution de sections algériennes de la Ligue des Droits de l'Homme et d'Amnesty International.

Il meurt à Alger le 4 mai 1991.


L'œuvre
Attentif à l'évolution de l'art européen, enrichi de son dialogue depuis le début du siècle avec les expressions des autres continents, Khadda découvre que de grands peintres occidentaux, au-delà de l'intérêt des cubistes pour l'art africain des masques, s'inspirent d'éléments de la culture arabe : « Que Matisse usait élégamment de l'arabesque, que l'admirable Paul Klee était ébloui par l'Orient, que l'américain Mark Tobey reprenait les signes de l'Extrême-Orient. Que Piet Mondrian refaisait, à son insu, les carrés magiques du Koufi », purs équilibres, illisibles au premier abord, « entre les pleins et les vides, entre le clair et l'obscur ».

Dès 1954 la peinture de Khadda se détache de toute figuration réaliste, ressentie comme étrangère à la sensibilité de l'art maghrébin, « un art non figuratif par excellence », écrit-il encore. Dans les années suivantes son abstraction s'appuie sur les éléments plastiques de la graphie arabe. Ses Alphabets libres feront de lui l'un des fondateurs de ce que Jean Sénac nommera "l'Ecole du Signe".

Au début des années 1960 les tracés noueux qui structuraient ses paysages non figuratifs se contractent et se réarticulent, à partir de 1967, autour du thème de l'Olivier qui, déclare-t-il alors, est "à la naissance des signes et de l'écriture" qu'il propose.

Ces signes, par la suite, vont d'une part se différencier en une continuelle expansion et lui permettre d'épeler toujours d'autres chiffres, comme on a dit à son propos, du "grand livre du visible", des failles de la pierre au vol de l'oiseau, des méandres de l'oued à la Calligraphie des algues. Ils vont d'autre part, comme poursuivant plus loin leur cristallisation, se déployer librement dans leur espace propre.

Découverte de l'écriture du monde et exploration du monde de l'écriture demeureront ainsi dans son œuvre indissociablement liées en deux cheminements complémentaires, chacun retentissant à mesure sur l'autre, qui ne cesseront de rapprocher par degrés le peintre, en une quête unique, des sources mêmes du Signe.

Dans les années 1980 Mohammed Khadda ancre davantage son cheminement sur la Lettre. « Je n'ai jamais employé la Lettre pour la Lettre », précise-t-il, « dans mes peintures ou mes gravures, on retrouve un peu la forme des lettres, les formes parce que je me refuse à employer la Lettre arabe telle quelle ».

Ses peintures ne se saisissent jamais, en effet, d'une écriture achevée, "inscrite" déjà, mais donnent à éprouver l'élan d'une écriture originairement "inscrivante". Explorant librement ses gestes, en amont des conventions qui les codifièrent dans l'avènement des premiers alphabets, Khadda se fait, a-t-on dit, "l'archéologue du possible".



12/02/2009
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